La colère, la joie, le dégoût, la tristesse, l’attachement : les émotions sont partout, tout le temps. Elles font tellement partie du quotidien qu’on a du mal à concevoir qu’elles puissent être difficiles à comprendre ou à exprimer. C’est pourtant ce qui arrive parfois, notamment dans le cas d’une personne ou d’un enfant atteint de troubles du spectre autistique (TSA). Dans cet article, les experts Emoface vous aident à comprendre un peu mieux les émotions et comment les personnes autistes les appréhendent : quelles sont leurs fonctions ? Pourquoi travailler sur les émotions ? C’est parti !
Retrouvez notre précédent live sur l’apprentissage des émotions, réalisé avec Alina Macavei, psychologue clinicienne.
Une émotion est généralement définie comme une réaction psychologique et physique à une situation. Elle a une manifestation interne, et génère une réaction extérieure. On expérimente les émotions de manière introspective : on les ressent “à l’intérieur de soi” ; et on peut également en observer les manifestations physiques et physiologiques : on dit souvent que la colère et la peur font battre le cœur plus vite, que la honte fait rougir, que le dégoût provoque “un haut-le-coeur” ou encore que la joie fait “pétiller les yeux”.
Les émotions comprennent trois composantes essentielles, interagissant toutes en elles : ressentir, exprimer, et réagir.
En réalité, l’état de la recherche actuelle sur les émotions ne permet pas d’associer une manifestation physique et/ou physiologique particulière à chaque émotion. Ce qui est admis, c’est que les émotions, et surtout leur expression, agissent comme un régulateur social, c’est-à-dire que les émotions ont plusieurs fonctions sociales, dont une très importante : la communication.
Les expressions faciales des émotions ont une fonction de communication, dans la dyade (entre deux personnes) et dans un groupe. Elles renseignent sur le potentiel état psychologique d’une personne, sur sa disponibilité, et sur le message qu’elle souhaite transmettre à son interlocuteur.
Les émotions sont essentielles à la décision, l’action, et les interactions sociales.
Sans surprise, tout le monde ressent des émotions. Le développement émotionnel se fait dès le plus jeune âge, et l’enfant est capable, grâce à l’observation de son environnement, de ses pairs, et au développement de sa capacité à communiquer, d’un apprentissage émotionnel.
D’un point de vue neurotypique, l’apprentissage des émotions et le travail sur les émotions n’est pas souvent fait explicitement. Il est considéré, pour beaucoup, comme “inné”, se faisant naturellement au cours de la petite enfance et durant le développement de l’enfant. Les relations interpersonnelles se construisent autour de “scénarios émotifs” admis par consensus : on sait repérer les indices situationnels et expressifs permettant de comprendre les émotions des autres.
Résultat : on ne pense pas souvent à notre façon d’apprendre les émotions, de les comprendre, de les exprimer…
Pour certains profils, notamment les personnes neurodivergentes ou neuroatypiques, l’expression, la reconnaissance et la gestion des émotions peuvent être différentes. C’est ce qui se passe par exemple chez les enfants autistes (TSA) ou ceux ayant des troubles envahissants du développement (TED).
Du fait de ces différences, les personnes concernées sont parfois confrontées à des difficultés par rapport aux émotions ; mais aussi à des difficultés à trouver des outils ou des moyens qui leur sont adaptés pour les reconnaître et les exprimer. Cela peut entraîner, par exemple, un décodage plus compliqué de certaines situations sociales, ou des émotions de son interlocuteur.
Ce qu’il est très important de comprendre dans ce cas, c’est qu’au sujet des émotions, il y aura toujours des difficultés et des incompréhensions des deux côtés de l’équation. Par exemple, une personne avec des TSA peut avoir des difficultés à décoder une situation sociale, ou reconnaître les émotions de quelqu’un d’autre ; et une personne neurotypique peut avoir du mal à comprendre la façon qu’a une personne avec des TSA d’exprimer ses émotions.
Une personne neurotypique commet elle aussi des erreurs entraînant l’incompréhension dans l’interaction. L’important est d’essayer de se comprendre mutuellement, de traduire le langage émotionnel de chacun.
Il demeure beaucoup d’aprioris sur l’autisme, et sur l’insensibilité et le manque d’empathie supposés des personnes présentant un trouble du spectre de l’autisme.
La question la plus posée, après avoir cherché les termes « apprentissage des émotions” et “TSA” sur un moteur de recherche est : “Est-ce que les autistes ont des sentiments ?”, suivie de “Pourquoi travailler les émotions avec les enfants ?”. Le mythe de la personne avec des Troubles du Spectre Autistique « sans émotions » persiste. C’est bien évidemment faux : une personne sur le spectre de l’autisme ressent des émotions !
Ce qui est différent, pour une personne avec TSA, c’est :
Les émotions ont un rôle social important, surtout dans leur expression. Apprendre à les reconnaître, les nommer et les interpréter peut beaucoup aider à communiquer.
Apprendre à gérer ses émotions permet également d’aborder la vie avec plus de sérénité, d’avoir des solutions pour pouvoir mieux gérer certaines situations. Elles peuvent aider à mieux comprendre les autres, et comment interagir avec eux.
Les expressions faciales des émotions sont une source d’information très importante à propos de la personne qui les produit : sur son état émotionnel, et ses intentions. Elles sont aussi une source d’informations sur des objets et des événements de l’environnement.
Elles peuvent aussi aider à se faire comprendre : exprimer ses émotions peut permettre aux autres de comprendre des comportements ou des réactions, ou comment réagir en retour. Réussir à gérer ses émotions, mais aussi à les identifier et les communiquer peut ouvrir la porte à beaucoup de choses : plus de communication, d’autres apprentissages, un plus grand bien-être au quotidien…
Mais il ne faut pas oublier que bien sûr, le vécu de chacun est différent. Chaque personne a un profil différent, et un parcours qui l’est tout autant ! Si l’on parle de Troubles du SPECTRE Autistique, ce n’est pas pour rien !
Avoir des difficultés dans tous les domaines cités ne veut pas dire qu’une personne avec des TSA n’a pas d’émotions, ou ne peut pas les comprendre. Indiquer ces difficultés, ce n’est pas souligner une incapacité des personnes avec des TSA : c’est faire comprendre que certaines personnes ont un fonctionnement différent. On ne peut pas demander à une personne neurodivergente d’adopter un fonctionnement différent, mais on peut faire en sorte de prendre en compte les particularités de chacun afin de rendre le monde plus inclusif et les interactions plus bienveillantes.
Les personnes avec TSA peuvent en avoir besoin pour mieux comprendre les autres, parce que cela peut les aider à se sentir mieux, et parce qu’elles ont plus de difficultés qu’une personne neurotypique à reconnaître, comprendre et exprimer leurs émotions et celles des autres… Mais tout le monde peut en bénéficier. Le monde évolue et on se rend compte maintenant de ce qui est bon pour nous.
Auparavant, il était plus courant de chercher à cacher, ou nier certaines émotions, les émotions plus négatives par exemple… On pensait également que c’était quelque chose d’inné, sur laquelle il n’y avait besoin d ‘aucun travail. Maintenant, on se rend compte que le travail des émotions bénéficie à tous, et il est très important : une personne qui sait comment gérer ses émotions possède des outils qui lui seront utiles pour se sentir mieux au quotidien et aborder plus sereinement la vie.
Dans les classes de maternelle, qui sont souvent le début de l’apprentissage de la vie en collectivité, le travail sur les émotions et la gestion émotionnelle permet de mieux passer ce cap, et d’acquérir de meilleures compétences sociales plus tôt. À tout âge, lorsque les enfants sont écoutés et que leurs émotions sont prises en considération, cette attitude bienveillante suscite une plus grande motivation, plus de créativité, une meilleure stabilisation de l’humeur…
Il est très important que tout le monde en apprenne plus sur les émotions. Par exemple, pour comprendre qu’un enfant de 3 ans ne fait pas un “caprice” quand il se roule par terre au supermarché car vous ne voulez pas lui acheter quelque chose. Il n’a simplement pas la maturité émotionnelle nécessaire à la gestion de sa frustration. L’important est de lui montrer la solution, de l’accompagner vers le comportement le plus adapté.
Les compétences émotionnelles, comme toutes sortes de compétences, se travaillent, et ce tout au long de la vie. Le travail sur les émotions peut être introduit à l’école, mais on peut aussi travailler sur les émotions au quotidien, en tant que parent, avec ses enfants.
En tant qu’adulte, il est également possible de faire un travail sur ses émotions. Il est même important de le faire : se donner la possibilité de mûrir émotionnellement, d’apprendre de nouvelles techniques afin de gérer ses émotions, ou encore d’apprendre à bien identifier ses propres émotions ne peut être que bénéfique au quotidien.
Si vous ou votre enfant souhaitez compléter ou commencer un apprentissage des émotions, EMOFACE Play & Learn Emotions un moyen de s’entraîner régulièrement ! Vous pourrez apprendre en jouant, accompagnés par nos avatars 3D intelligents.
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